dimanche 20 mars 2022

Tabou du dimanche #DE[S]PRESSION[S]

Depuis plusieurs semaines,
Plusieurs mois
Plusieurs milliers d'heures
De vies peut-être même
L'obscurité a subtilement gagné du terrain
Par moments

Dans toutes mes cellules
Mon âme
Mes sommeils et mes veilles
Il faisait nuit. 

Par moments. 
Comme surgissent les vents. 

Peu importe la raison
Y en a probablement plusieurs
Et j'ai probablement choisi l'une d'entre elles comme la plus évidente, la plus spectaculaire, la plus légitime
Pour faire bonne figure
Et pas [trop] me faire emmerder
Comme tout le monde

On s'en fout de la raison
Est-ce qu'elle existe même ? 
On sait pas

Non on sait pas
Comment le ciel peut basculer en 1 seconde
Et passer du bleu au noir
Comment savoir
La météo de soi-même
L'anticiper
Comment capter
Les larsens de ses sens
Les disséquer
Comment hein ? 
Dans quelle école on apprend ça putain ? 
Je parle mal et c'est pas bien 
Mais putain ce serait bien de se former un brin
Sur comment ça fonctionne un humain
Plutôt que de s'enfiler des polycopiés de confitures entamées
Ce serait juste bien. 

N'empêche
J'ai un problème
Cornélien
Ma dépression est amoureuse de ma pression
L'une sans l'autre vaut plus rien
Ça craint 
Du coup
Je leur ai construit un jardin
Où prendre des apéros 
À doses homéopathiques
Histoire de remettre le bordel à niveau
C'est ma tactique
Et puis c'est mathématique
Trop de pression + trop de pression = dépression des pressions
Au CP on pourrait l'intégrer
C'est pas compliqué d'en parler

Alors j'en parle
Et non, c'est pas compliqué
C'est juste comme pour les voitures
Faut bichonner et vidanger
C'est ce que j'ai fait
De mieux en mieux avec les années
Un Doctorat mécanique 
De ma carcasse

Je refuse de changer
De m'adapter
De mettre à l'aise 
Mes collègues ma famille mes amis mon palier
En piétinant ma vulnérabilité
Punaise
C'est ce que je voulais pourtant
La planter dans les pavés à coups de talons aiguisés
Et vendre au monde une femme puissante et équilibrée

É QUI LI BRÉE

Sérieusement
Cite-moi un élément du vivant
Autour de toi
Un chêne un tournesol un ruisseau un rocher
Qui t'a l'air É QUI LI BRÉ
Cherche et on en [re]parle

Rien n'est équilibre
Rien

Ni la météo ni la nature ni l'humeur
Tout funambule en permanence
En priant de pas [trop] se casser  la gueule
C'est ce que je fais
Et oui je me casse la gueule
Sur certaines pistes noires
Logique je sais pas skier
Mais les vertes me font chier
Pas ceux qui sont dessus non
Vraiment pas
Juste la piste

C'est ça que j'ai fait plusieurs fois
Des mauvaises descentes
Et c'est bien
Parce que les montées
Elles sont méchamment sacrées
Faut juste ajuster le degré
Interne
Et s'aimer quand-même
Dans les regards
Externes
Et dans le sien de regard
Surtout dans le sien

Mon regard a changé
Il s'élargit et se fond dans mon immensité
Binaire qu'il était
Et noyé
Dans les larmes du monde
À tâtons
Comme moi
Avec ses pressions
Comme moi
Et ses dépressions sapées en réveillon
Comme moi
Avec le carrosse qui se transforme en cocotte minute
Et qui éclate ou se désintègre
Ça dépend de la marque
Et du temps de cuisson

Je les aime mes dépressions
Elles ont toujours raison
De ma déraison
Comme tes meilleurs potes
Qui te recadrent quand tu chies dans la colle
Elles sont mes amies
Et si les amis de mes amis de tes amis aiment pas mes amies
Tant pis that's la vie

Mais avoir honte
De mes meilleures amies
Même sapées en citrouilles
Bein c'est la honte. 

Et moi j'aime pas la honte
Elle me fait honte 
Face à l'être que je suis
Fabriquée ainsi
En foudre et en cascades
J'ai pas une bonne raison d'avoir honte en fait
Pas UNE
En moi
Je vais quand même pas aller en choper dans le grand dehors
Je vais plutôt l'aimer bien fort le grand dehors
En m'offrant à lui en survêt
Comme en famille
Ou avec mon mec
À la cool 
Sinon c'est pas honnête
Je trouve
Tu trouves pas ? 

Tu trouves pas que c'est la moindre des choses
De dialoguer avec ses dépressions
Poliment
Avec attention
Pendant que la pression du monde s'accumule
Sous sa masse et sous nos chairs
Poreuses et multipolaires

Tu trouves pas? 

Que c'est la moindre des choses
De tenter des voyages avec tes valises sous les yeux
Des voyages où ta boussole disjoncte
Où tu portes de la tête aux pieds le deuil du globe civilisé
Où tu rampes dans tes catacombes
Essoufflé
Lacéré
Pour y trouver une Rafflesia
Cette Fleur-cadavre
La plus rare du monde

Tu trouves pas que ça vaut le coup ? 
Par moments
Hein
D'être vraiment un être
Humain
Comme savent si bien l'être
Les chiens? 


 🖤

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

CHAGR[A]IN D'AMOUR 💝

Rien de plus vrai Rien de plus pur Rien de plus précieux Ne confirme la puissance d'un Amour Que le Chagrin d'Amour Qui lui succède....

Articles les plus consultés