jeudi 23 juin 2022

DEPUIS QU'ON S'EST RENCONTRÉS

Depuis qu’on s’est rencontrés, c’est plus pareil. 

Plus du tout même.

Avant, c’est pas que j’étais seule, mais incomplète disons. 

J’avais une famille, des amis, des amours, des collègues, un entourage, tout. 

Tout ce qu’il faut pour aller au ciné, manger une bûche à Noël, réussir ou foirer des projets, me disputer, me réconcilier, me sentir insérée. C’est ça, insérée. 

Et c’était déjà pas mal. Je peux même dire que c’était beaucoup, presque suffisant.

Presque.

Puis on s’est rencontrés. 

C’était bizarre. Soudain. Et très progressif.  

A peine on s’est vus qu’on s’est reconnus. Pourtant, on a mis du temps. 

A se découvrir, à se comprendre, à s’accepter en l’état, c’était pas gagné. 

C’est jamais gagné quand on aime, même si l’amour gagne toujours. 

Faut rester vigilant et inventif. Alors on a inventé. On a tout inventé. Ensemble.

Nos mots, nos câlins, nos rituels, nos silences, nos souvenirs, nos regards qui mangent, notre manière de s’apprendre. Et aussi notre manière de se rendre mutuellement indispensables. C’est indispensable. C’est la loi de la nature on y peut rien. 

J’ai bien tenté de laisser la liberté trouver sa place. D’ailleurs j’ai réussi par moments, je la vois régulièrement s’enfiler une bière sur le canapé, cool mais attentive, des fois qu’on lui piquerait sa place justement. Ou que le lien soit plus fort qu’elle. 

Parce qu’il est puissant le lien. Serré. Bien noué aux extrémités. Dès le premier jour il a été visible. En soi c’est pas un problème, c’est juste une réalité, faut faire avec.

Et trouver le moyen de dilater les boucles. Patiemment. Avec le temps. 

Ça non plus c’est pas gagné, en amour les boucles adorent se crisper. 

Des heures, des nuits, des saisons, des années, on s’est reniflés, dans les moindres replis. 

Comme des animaux, des animaux avec des chambres et des fourchettes. 

On s’est testés aussi, dans les moindres limites. 

Le nombre de fois où j’ai dit « Attention, si tu continues ça va mal finir » et ça s’est toujours bien fini, parfois même en continuant.

Le nombre de fois où on s’est manqués entre la SDB et la cuisine, manqués comme si un bras manquait, amputés. 

Le nombre de fois où on a sombré dans les mêmes draps au milieu d’une phrase, et repris la conversation à 7h du mat' là où l’on l’avait lâchée. Épuisés. Heureux.

Le nombre de fois où on s’est dit « A ce soir, fais attention, appelle-moi quand t’es arrivé, et quand tu repars, et quand ça va pas, et quand rien, appelle-moi ». 

Le nombre de fois où j’ai eu peur que l’avion se crashe avant d’avoir dit Je t’aime une vingt mille et unième fois. 

Le nombre de fois où on a voulu se coller une baffe de rage et où on s’est collé une limite à la place. Puis collés tout court pour conclure.

Le nombre de fois où j’ai fait la gueule devant les coquillettes froides parce que le bus était en retard et que la batterie était déchargée et qu’en plus j’avais pas faim, moi. J’avais peur.

Le nombre de fois où on s’est trouvés beaux en pyjamas, pas lavés depuis 24h, 48h, 72h. Nous seuls, nous seuls, nous seuls pouvons savoir cette beauté-là.

Le nombre de fois aussi où j’ai visualisé la séparation…la mise en scène, les dialogues, la nécessité, ma déchirure, nos larmes mélangées sur le seuil, de notre cabane, notre château, notre palais, notre empire, notre monde…unique et divisé à nouveau, comme au commencement.

Le nombre de fois. 

Je compte même pas.

Comment compter ? On compte pas quand on aime. 

Enfin si, on compte l’un pour l’autre. 

Là, je compte faire de mon mieux. 

Pour que notre amour continue à sortir des lapins de son chapeau. Éternellement. 

On est si réussis sur nos photos ratées. Si parfaits. Si seulement…le temps…la distance…la vie.


Depuis qu’on s’est rencontrés, c’est plus pareil.

Tout a changé.

Tout change encore. 

Selon le temps, les marées, les boucles qui lâchent, les caprices du courant.

Et tout changera jusqu’à la fin, probablement.

Sauf une chose : 

au large de nos océans

quel que soit le sens du vent

je les entendrai toujours m’appeler Maman.



❤👫💝

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

CHAGR[A]IN D'AMOUR 💝

Rien de plus vrai Rien de plus pur Rien de plus précieux Ne confirme la puissance d'un Amour Que le Chagrin d'Amour Qui lui succède....

Articles les plus consultés