Tout ce qui suit est tiré d'une histoire vraiment vraie.
Avec, par ordre d'apparition dans la vraie vie:
R. dans le rôle du déclencheur
S. dans le rôle principal
E. dans le rôle de l'amie
Uber. dans le rôle du fantôme
L'homme-capuche. dans le rôle du prédateur
SNCF. dans le rôle de la galère
Pitch:
R. invite S. pour un we improvisé au bord de la mer, à 2h de Paris.
S. refuse, hésite, réfléchit, [re]refuse, [re]hésite, [re]réfléchit, prend en ligne le seul billet existant pour le trajet après moultes obstacles logistiques de résa, et se lève à 5h du mat' aussi fatiguée que paniquée. La mer ça va lui faire du bien. L'imprévu aussi. Le Uber commandé par E. pour pas qu'elle se dégonfle l'attend en bas de toute façon. Et S. s'est épilée de toute façon.
Episode 1
Alors que tout est (quasi) rentré dans l'ordre, Uber n'arrive jamais. 25mn d'attente plus tard dans la nuit à 4°, S. décongèle son corps et ses neurones et se dirige vers les transports. Le bus c'est bien. Le RER aussi. De toute façon S. a beaucoup d'avance.
Episode 2
Alors que tout est (quasi) rentré dans l'ordre, S. change à Châtelet, et sent une vibe pas cool sur sa trace. C'est L'homme-capuche, qui la piste (pas vraiment) discrètement. S. déjà fébrile se met à flipper de la flippe flippante, L'homme-capuche étant (vraiment) flippant de flipperie, et évolue comme un ballon de foot dans les couloirs pour le semer. S. ira jusqu'à disparaître sous ses solaires et son écharpe, se compresser comme du papier mâché sur son siège, déplier son couple-ongles au cas où, s'éjecter de la rame de la ligne 14 pendant la fermeture des portes, et se retourner 57 fois par la suite avec des visions de capuches en série. L'homme-capuche est (normalement) semé. S. arrive comme une clandestine roumaine sur le quai vers Deauville, et prend 4 cafés parce qu'elle renverse le premier, sucre par mégarde le second, offre le 3ème à un homme roumain sans capuche, et boit le 4ème qu'elle n'aurait jamais envisagé aimer autant.
Episode 3
Alors que tout est (quasi) rentré dans l'ordre, la SNCF annonce 20mn de retard pour le seul train de la journée vers Deauville, rapport aux travaux uniquement le we. S. évolue comme une boule de flipper entre tous les points infos pour connaitre ses probabilités d'arriver un jour à la mer, rapport à son trajet qui prévoit 1 train + 1 correspondance de 15mn + 1 car + 1 correspondance de 16mn + 1 train. S. se dit que Paris-Deauville c'est pas ce qu'on croit. S. n'obtient jamais de réponse, et monte dans le train préparée à passer sa journée à Mantes-la-JolieMoche, au mieux à Evreux. S.(en hypoglycémie) découvre dans son sac le caramel périmé qu'elle n'aurait jamais envisagé aimer autant.
Episode 3
Alors que tout est (quasi) rentré dans l'ordre, tout le wagon se met à toussoter en choeur à 5mn de la première escale. S. est tentée de faire pareil mais se retient par esprit de contradiction, jusqu'au moment où les mots "gaz lacrymo" entrent dans ses oreilles et narines médusées. S. en profite pour [re]paniquer et [re]mettre lunettes et écharpe partout sur sa tête. Est-ce que 5mn suffisent pour décéder? Est-ce que S. verra un jour Mantes-la-JolieMoche? S. n'obtient aucune réponse et ne peut boire aucun 5ème café.
S. sort enfin du train N°1, respire enfin normalement, et n'avait jamais envisagé d'aimer autant Mantes-la-MocheJolie. Le car N°1 récupère tous les rescapés en assurant que la correspondance à venir sera (normalement) assurée. S. choisit une place derrière une dame avec un chihuahua, qui peut tout à fait servir en cas d'agression. S. n'avait jamais envisagé non plus d'aimer autant les chiens de combat.
Episode 3
Alors que tout est (quasi) rentré dans l'ordre, S. en profite pour se rappeler qu'elle a envie d'uriner depuis Châtelet. S. comprend que c'est un problème, rapport au pas de WC dans ce trajet de 45mn et au pas de pantalon de rechange dans son sac de 24h. S. entame les négociations avec son périnée, et active l'appli de cohérence cardiaque. S. ne verra de ce trajet inondé de soleil que la petite boule bleue qui monte et qui descend, à raison de 12 trajets par mn, soit 540 fois. S. savoure sa victoire anatomique dans les WC de la gare d'Evreux, qu'elle n'aurait jamais envisagé aimer autant.
Episode 4
Alors que tout est (quasi) rentré dans l'ordre, tout rentre dans l'ordre en fait. S. arrive à Deauville, 6h la séparant de son point de départ. S. sourit pour des raisons de survie avérées, remet ses solaires pour des raisons de soleil cette fois, et se dirige vers R. pour des raisons que la raison ignore. S. découvre enfin Deauville et R. qu'elle n'aurait jamais envisagé aimer autant.
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